Championnat du monde XC Marathon Laissac, la course à la qualif.

En 2016, le Championnat du Monde de XC Marathon aura lieu en France, à Laissac. Voilà une belle occasion de participer. Mais le challenge est osé, car pour avoir le droit de concourir avec l’élite mondiale, il faut faire ses preuves, en se qualifiant. Et pour se qualifier, c’est Top 20 obligatoire sur une course labellisée UCI Marathon Series. Les plus connues en France sont le Roc d’Azur Marathon, la Forestière, l’Extreme sur Loue. D’autres sont moins connues, plus lointaines, et les chances de bien y figurer sont meilleures. Alors j’ai tenté ma chance après un entrainement hivernal plutôt sérieux. Mon meilleur résultat de tous temps sur ce genre de course étant au delà de la cinquantième place, le challenge est ambitieux !

Pour le premier essai, direction l’autre bout de l’Europe, en Roumanie à Cluj ! Et oui, le goût de l’effort prolongé du marathon se mêle souvent au goût du voyage.
Après une journée de voiture et d’avion, me voilà sur un parking de centre commercial, où a lieu le départ de la course. Sur la ligne de départ, ça ne rigole pas. Les coureurs sont affutés et rasés de près. La présence de quelques autres français me rassurent sur mon “délire” de qualification : nous sommes plusieurs à partager le même espoir !
Le départ est d’emblée rapide, et nous attaquons une longue bosse pour une quarantaine de minutes. Une poignée de kilomètres me suffisent à comprendre que la tâche s’annonce ardue pour faire un top 20. Je suis plutôt dans les 30, et déjà à bloc ! Sur les 70 km j’espère bien remonter au classement, alors je persévère. Je m’entête à y croire ! Les pistes roumaines sont rapides, traversant tantôt de grandes forêts, tantôt de grandes prairies aussi vallonnées que magnifiques, qui restent pour moi une vraie découverte. La mi-course passe et toujours aucune place de gagnée. Cela fait maintenant près de 2 heures que je me bats sur mon vélo sans réel bénéfice si ce n’est la satisfaction de tout donner. D’autant plus que les sensations sont correctes et que mon vélo fonctionne parfaitement. Finalement, je gagne des places dans les tous derniers kilomètres, descendant, rapides, et glissant ! Certains passages me rappellent les grandes forêts de la Creuse. La ligne d’arrivée s’annonce et après un dernier sprint je franchis la ligne, vidé. Je suis 25 ème. Loupé ! Il ne me reste plus qu’à ranger le vélo. Et je passe en mode “touriste” pour profiter de ce beau voyage et découvrir les spécialités culinaires locales !

Mon second essai a lieu en Espagne. Après avoir envisagé d’aller au Portugal 15 jours après la Roumanie, je me suis ravisé. Il m’a fallut un peu de temps pour retrouver l’envie et la forme. Me voilà donc en Espagne, pour un second et dernier essai – avec toujours l’objectif de me qualifier tout en passant un beau séjour avec ma chérie qui me supporte dans mes pérégrinations.
Nous sommes à Logrosan, à 900 km de la maison et à 3 h au sud ouest de Madrid, dans la région Extremadura,. Au début, je pensais que c’était le nom de la course, un truc du style “extrêmement dur”…! Finalement, le nom de la course, c’est Titan ! Pas beaucoup plus facile ! 120 km et 3600m de dénivelée positive sont au programme. Le terrain est sec, rocailleux. Et rapide ! Le vainqueur de l’an dernier a tenu une moyenne de 27 km/h !!! Sur la ligne de départ, les optimistes commissaires UCI me placent sur la première ligne – grâce à mes 16 petits points UCI récoltés en Roumanie. Derrière moi, une horde d’espagnols s’apprête à écraser les pédales pendant plus de 5 heures. Dès le coup de sifflet je tente de garder ma place. Mais ça file vite, très vite ! Après 5 km de pistes plutôt plates où je suis aux alentours de la 35eme place, on monte, un truc du style “La Flute” du Roc d’Azur : une montée raide, caillouteuse, avec 2 traces. Et je me fais doubler de toutes parts. Mon moral baisse aussi vite que mon classement augmente. Pour la qualif’ c’est mort de chez mort ! S’en suit une déprime de quelques minutes. Puis une erreur d’aiguillage sur une des rares portions que j’avais reconnue. Alors que je me ravitaille, plus concentré sur l’ouverture de ma barre de céréales que sur le balisage, l’espagnol que je suis se trompe d’itinéraire. Heureusement je fais rapidement demi-tour, mais un wagon de plus de 10 coureurs passe entre temps. Voilà le second coup au moral ! Les galères continuent avec un insecte qui ne veut pas quitter mon oeil gauche. Après de longs kilomètres passés en vision monoculaire, je parviens à m’en débarrasser. On me pointe au delà de la 70eme place. Quelle déculottée ! Je me motive, il reste encore 80 kilomètres, j’ai un dossard, le chronomètre tourne, alors je dois me bouger les fesses ! Le moral remonte en traversant de beaux passages techniques et caillouteux, de beaux points de vue, et en recevant les nombreux encouragements des habitants (“animo animo” scandent-ils – cela signife “courage courage” ; il vaut mieux le savoir sinon on pourrait confondre avec une insulte !). Au 90ème kilomètre, les jambes brûlent dans la pire ascension de la course. Un sacré raidillon de 3 km nous amène sur les hauteurs. La récompense est belle, avec une superbe descente, où je rattrape un concurrent qui semble complètement épuisé, à l’arrêt, dans un champs de blocs de pierres, le regard hagard. Malgré tout mes efforts, je ne reprends presque rien au classement. Les derniers kilomètres sont rapides, plats, ponctués par des côtes courtes que je négocie au bord des crampes. Après 6h15 de lutte, je franchis la ligne à la 65ème place, sous le regard de Caroline qui a trouvé le temps bien long ! Le premier a mis 5 heures, et le 20eme 5h30. Autant dire que je suis à des années lumières du niveau requis pour se qualifier…

C’est donc loupé pour porter les couleurs de l’équipe de France le 26 juin prochain à Laissac. Dommage. Je garde d’excellents souvenirs de ma participation au championnat de 2007, et j’espérais pouvoir renouveler l’expérience. Quoiqu’il en soit, le VTT Marathon est un sport formidable pour découvrir de nouveaux terrains de jeux – et pour “se découvrir” au fil des kilomètres et des difficultés. Les efforts de longue haleine où le moral doit prendre le relais quand le physique lâche ont une saveur unique ! Malgré la déception, je crois que mon accoutumance à cette saveur continuera !

Stéphane Urbain

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